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coups de fouet. L’homme choisi pour cette besogne, était un nègre connu pour sa vigueur et son adresse ; il se nommait Jim. Debout, au pied de l’échelle, son fouet attaché en bandoulière, d’une main il tenait un paquet de cordes, de l’autre il se grattait négligemment la tête.

Saint-Ybars, Mlle Pulchérie, Sémiramis, M. de Lauzun et M. Héhé étaient dans la salle à manger.

Les fils et les gendres de Saint-Ybars s’étaient tous éloignés de la maison. Les dames avaient fait fermer les portes et les fenêtres, et elles s’étaient réunies dans la pièce la plus retirée. Chant-d’Oisel, désolée et indignée, à genoux sur le plancher, cachait sa tête en criant, dans le giron de sa mère qui, elle, pleurait sans bruit.

Où était Démon ?…personne ne l’avait vu depuis une heure.

Pélasge était dans sa chambre. Debout devant sa table de travail, il avait les yeux fixés sur le voile de Nogolka ; mais ce n’était pas à elle qu’il pensait ; il regardait machinalement ce voile et pensait à Mamrie : il se demandait encore, au dernier moment, s’il n’y aurait pas un moyen de la sauver.

On n’attendait plus, dans la cour, que la victime ; c’était Sémiramis qui devait l’amener.

Une porte s’ouvrit au rez-de-chaussée. On crut que c’était Saint-Ybars qui venait donner le signal de l’exécution. Au lieu de lui on vit Démon. Il s’approcha de l’exécuteur, et dit à demi-voix :

« Jim, rappelle-toi bien ce que je te dis : je serai sur la galerie d’en haut ; si tu as le malheur de donner un seul coup de fouet à Mamrie, tu es mort. »

À peine Démon était-il rentré, laissant l’exécuteur consterné, que la porte cintrée de la salle à manger s’ouvrait, pour laisser passer Saint-Ybars, Mlle Pulchérie, M. Héhé et le duc de Lauzun. Un peu après Sémiramis parut, tenant Mamrie par le bras. Mamrie ne savait rien du châtiment qui lui était réservé. Elle avait cru jusque-là qu’elle serait livrée à la justice régulière, et qu’elle expierait son crime sur l’échafaud. À la vue de l’échelle et du