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CHAPITRE XXI

Condamnation de Mamrie



Le surlendemain, dès six heures du matin, l’économe, Mlle Pulchérie et Sémiramis délibéraient avec Saint-Ybars sur ce qu’il y avait à faire au sujet de Mamrie. Saint-Ybars penchait vers la clémence. L’économe était d’une opinion contraire. Depuis quelque temps, assurait-il, on remarquait un certain esprit d’insubordination parmi les esclaves ; il avait ramassé lui-même, dans le voisinage du camp, une de ces brochures que les émissaires de l’abolitionnisme faisaient circuler secrètement sur les habitations ; les nègres savaient toujours trouver quelqu’un pour leur lire ces écrits incendiaires ; il fallait faire un exemple ; Mamrie étant une esclave de prix, il ne fallait pas la livrer à la justice de la cour criminelle ; il valait mieux lui infliger un châtiment sévère, en présence des nègres.

Mlle Pulchérie partagea l’avis de l’économe.

Quand fut le tour de Sémiramis de parler :

« Ni clémence ni demi-mesure, dit-elle ; on est maître ou on ne l’est pas : quand on est maître, il faut être respecté à tout prix. Il n’y a pas deux manières de régner ; il faut que ceux qui sont nés pour obéir, tremblent devant celui qui commande. Mamrie a levé la main sur son maître ; elle mérite la mort : qu’on l’envoie à la potence. »

L’avis de l’économe prévalut.

Le duc de Lauzun était un petit Monsieur qui écoutait