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La sueur ruisselait sur la figure de Salvador ; sa chemise était collée à son corps.

« Saint-Ybars, dit-il, coupez ma chemise, elle me gêne. »

En quelques coups de canif, Saint-Ybars débarrassa Salvador. Alors, celui-ci rama avec un surcroît de vigueur ; il luttait contre un contre-courant, qui menaçait de le rejeter bien loin de Démon.

Le soleil, complètement voilé jusque-là, passa entre deux amas de nuages, et tomba en plein sur le buste cuivré de Salvador. La lumière dans la tempête, c’est l’espérance. Saint-Ybars sentit son cœur bondir de joie.

« Courage, Salvador, s’écria-t-il, courage ! nous approchons. Salvador, sauvons mon enfant ; sinon, je ne rentrerai pas à la maison ; le fleuve emportera aussi mon corps privé de vie.

« Nous le sauverons, » répondit Salvador avec le calme de la confiance.

Malheureusement, le canot était retardé par les bois de dérive ; pour les évite, Saint-Ybars était obligé de naviguer tantôt à gauche.

Un sycomore tout entier, flottant transversalement, arrivait sur Démon. Saint-Ybars vit le danger, et frémit. L’arbre était le plus long et le plus gros de cette espèce qu’il eût jamais vu. Non seulement le sycomore roulait sur lui-même, mais il exécutait un mouvement de bascule qui faisait monter alternativement ses branches et ses racines.

Saint-Ybars signala le péril à Salvador.

Les deux canots étaient à peu près sur la même ligne, celui de Démon cependant un peu en amont.

Le tronc du sycomore approchait, lentement en apparence, mais avec une puissance redoutable ; d’un côté les racines, de l’autre les branches tournaient, moitié dans l’air moitié dans l’eau, comme deux grandes roues hydrauliques.

Salvador, mesurant d’un coup d’œil la distance qui lui séparait de Démon, dit à Saint-Ybars :

« Criez-lui de naviguer vers nous.