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QUATRE CENT QUARANTE.

die. Ce détail est pénible : mais la vie d’un homme a paru trop précieuse pour négliger les moyens de la conserver ; & les médecins sont intéressés eux-mêmes à l’accomplissement de cette sage loi.

Ils ont simplifié leur art. Ils l’ont débarrassé de plusieurs connoissances absolument étrangères à l’art de guérir. Vous pensiez faussement qu’un médecin devoit renfermer dans sa tête toutes les sciences possibles ; qu’il devoit posséder à fond l’anatomie, la chymie, la botanique, les mathématiques ; & tandis que chacun de ces arts demanderoit la vie entière d’un homme, vos médecins n’étoient rien si par dessus le marché ils n’étoient pas encore de beaux-esprits, plaisans, adroits à semer de bons mots. Les nôtres se bornent à bien savoir définir toutes les maladies, à en marquer exactement les divisions, à en connoitre tous les symptômes, à bien distinguer surtout les tempéramens en général & celui de chacun de ses malades en particulier. Ils n’emploient guères de ces médicamens eaux & dits précieux, ni de ces récettes mystérieuses, composées dans le cabinet : un petit nombre de remèdes leur suffisent. Ils ont reconnu que la nature agit uniformément dans la végétation des plantes & dans la nutrition des animaux. Voici un jardinier, disent-ils, il est attentif à ce que la sève, c’est-à-dire, l’esprit universel circule également dans toutes les parties de