la liberté expirant sous les coups que lui ont porté quelques hommes qui fondoient sur l’ancienne tyrannie les droits d’une tyrannie nouvelle. S’il fut un homme estimable, vertueux, il a été le contemporain des monstres : il a été étouffé par eux : & ce tableau de la vertu foulée aux pieds, n’est que trop vrai, sans doute, mais il est tout aussi dangereux à présenter. Il n’appartient qu’à un homme fait, de contempler ce tableau sans pâlir, & d’en ressentir même une joie secrette, en voyant le triomphe passager du crime, & le sort éternel qui doit appartenir à la vertu. Mais pour les enfans ; il faut éloigner ce tableau, il faut qu’ils contractent une habitude heureuse avec les notions d’ordre & d’équité, & en composer, pour ainsi dire, la substance de leur ame. Ce n’est point cette morale oisive qui consiste en questions frivoles, que nous leur enseignons : c’est une morale pratique qui s’applique à chacune de leurs actions, qui parle par images, qui forme leurs cœurs à la douceur, au courage, au sacrifice de l’amour-propre, ou pour dire tout, en un mot, à la générosité.
Nous avons assez de mépris pour la métaphysique cet espace ténébreux où chacun édifioit un systême chimérique & toujours inutile. C’est-là qu’on alloit puiser des images imparfaites de la divinité, qu’on défiguroit son essence à force de subtiliser sur ses