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QUATRE CENT QUARANTE.

doit pas être si belle, elle est morte de sa belle mort. — Comment ! — La langue françoise a prévalu de toute part. On a fait d’abord des traductions si achevées qu’elles ont presque dispensé de recourir aux sources ; ensuite on a composé des ouvrages dignes d’effacer ceux des anciens. Ces nouveaux poëmes sont incomparablement plus utiles, plus intéressans pour nous, plus relatifs à nos mœurs, à notre gouvernement, à nos progrès dans nos connoissances physiques & politiques, au but moral, enfin, qu’il ne faut jamais perdre de vue. Les deux langues antiques dont nous parlions tout-à-l’heure, ne sont plus que celles de quelques savans. On lit Tite-Live à peu près comme l’Alcoran. — Mais cependant ce college que j’apperçois, porte encore sur son frontispice écrit en gros caracteres : École des Quatre-Nations ? — Nous avons conservé ce monument & même son nom, mais pour le mettre mieux à profit. Il y a quatre différentes classes dans ce college, où l’on enseigne l’italien, l’anglois, l’allemand & l’espagnol. Enrichis des trésors de ces langues vivantes, nous n’envions rien aux anciens. Cette derniere nation qui portoit en elle-même un germe de grandeur que rien n’avoit pu détruire, s’est tout-à-coup éclairée par un des coups puissans qu’on ne pouvoit attendre ni prévoir. La révolution a été rapide & heureuse, parce que la lumiere a d’abord occu-