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L’AN DEUX MILLE

S’il se trouvoit aujourd’hui un homme capable de dire une telle sottise ; dès qu’il ouvriroit la bouche, nous lui tournerions le dos[1].

Je continuai ma curieuse promenade ; mais le détail en seroit trop long. D’ailleurs on perd toujours en se rappellant un songe. Chaque coin de rue m’offroit une belle fontaine, qui laissoit couler une eau pure & transparente : elle retomboit d’une coquille de nappe d’argent, & son crystal donnoit envie d’y boire. Cette coquille présentoit à chaque passant une tasse salutaire. Cette eau couloit dans le ruisseau toujours limpide, et lavoit abondamment le pavé.

Voilà le projet de votre M. Desparcieux, Académicien de l’Académie des Sciences, accompli & perfectionné. Voyez comme toutes ces maisons sont fournies de la chose la plus nécessaire & la plus utile à la vie. Quelle propreté ! quelle fraicheur en résulte dans l’air ! Regardez ces bâtimens commodes, élégans. On ne construit plus de ces cheminées funestes, dont la ruine mena-

  1. Il n’y a qu’en France où l’art de se taire n’est point un mérite. Vous reconnoîtrez moins un François à son visage & à son accent qu’à la légéreté qu’il a de parler & de prononcer sur-tout ; jamais il n’a sû dire Je ne me connois à cela.