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Nous avons fait un rapide extrait, peignant les siécles à grands traits, & ne montrant que les personnages qui ont véritablement influé sur le destin des empires[1]. Nous avons omis ces règnes où l’on ne voit que des batailles & des exemples de fureur. Il a fallu les taire, & ne présenter que ce qui pouvoit faire l’honneur de l’homme. Il est peut-être dangereux de tenir registre de tous les excès où s’est porté le crime. Le nombre des coupables semble servir d’excuse ; & moins on voit d’attentats, moins on est tenté d’en commettre. Nous avons traité la nature humaine, comme ce fils respectueux qui craignit de faire rougir son pere, & qui couvrit d’un voile les désordres de l’ivresse.

Je m’approchain du bibliothécaire, & je lui demandai tout bas à l’oreille l’histoire du siécle de Louis XV pour servir de suivre au siécle de Louis XIV de Voltaire. Cette his-

    viandes à sa maniere : il faut dîner au goût du marmiton ; il faut lire au gré de l’écrivain.

  1. Je ne sais pourquoi en écrivant l’histoire on dit le règne de Charles VI, de Louis XIII ? C’est une manière fautive de s’énoncer. Cela induit en erreur un lecteur qui n’est pas philosophe. Un monarque qui le plus souvent n’a point influé sur son siécle doit rentrer dans la classe des hommes obscurs, & l’on doit dire, par exemple, après la mort de Henri IV, nous allons peindre le siécle de Richelieu,, &c.