Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/412

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE XLIV.

Versailles.


J’arrive, je cherche des yeux ce palais superbe d’où partoient les destinées de plusieurs nations. Quelle surprise ! Je n’apperçus que des débris, des murs entr’ouverts, des statues mutilées ; quelques portiques à moitié renversés laissoient entrevoir une idée confuse de son antique magnificence : je marchois sur ces ruines, lorsque je fis rencontre d’un vieillard assis sur le chapiteau d’une colonne. « Oh ! lui dis-je, qu’est devenu ce vaste palais ? — Il est tombé ! — Comment ? — Il s’est écroulé sur lui-même. Un homme dans son orgueil impatient a voulu forcer ici la nature ; il a précipité édifices sur édifices ; avide de jouir dans sa volonté capricieuse, il a fatigué ses sujets. Ici est venu s’engloutir tout l’argent du royaume. Ici a coulé un fleuve de larmes pour composer ces bassins dont il ne reste aucuns vestiges. Voilà ce qui subsiste de ce colosse qu’un million de mains ont élevé avec tant d’efforts douloureux. Ce palais péchoit par ses fondemens ; il étoit l’image