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qu’elle ne l’étoit au dix-huitième siécle, & comme toute la force d’Angleterre peut résider, sans danger, dans sa capitale, parce que le commerce en est l’ame, & que le commerce d’un peuple Républicain n’entraîne pas après lui les atteintes funestes qu’il porte aux monarchies, l’Angleterre a toujours suivi son ancien systême. Il est bon, parce que ce n’est point le monarque qui s’enrichit, mais les particuliers : de-là naît l’égalité qui empêche l’excessive opulence & l’excessive misère.

L’Anglois est toujours le premier peuple de l’Europe : il jouit de l’ancienne gloire d’avoir montré à ses voisins le gouvernement qui convenoit à des hommes jaloux de leurs droits & de leur bonheur.

On ne fait plus de processions pour la mémoire de Charles I ; l’on voit mieux en politique.

On vient d’ériger la nouvelle statue du protecteur Cromwell. On ne sauroit dire si le marbre dont elle est composée est blanc ou noir, tant il est mêlangé. Les assemblées du peuple se tiendront dorénavant en présence de cette statue, parce que le grand homme qu’elle représente est le véritable auteur de l’heureuse & immuable constitution[1].

  1. J. J. Rousseau attribut la force, la splen-