Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/400

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jusqu’à la description de la barette & du chapeau rouge. Cette dissertation n’est pas moins divertissante que profonde.

On a représenté sur le théâtre de la foire la farce de St. Janvier, autrefois si sérieuse. On sait que le miracle de la liquéfaction de son sang se renouvelloit chaque année. On a parodié cette risible extravagance avec un sel qui a réjoui toute la nation.

Les trésors de notre Dame de Lorette[1], qui avoient servi à nourrir & habiller les pauvres, viennent d’être appliqués à la construction d’un aqueduc, attendu qu’il n’y a plus de nécessiteux. On doit faire le même emploi des richesses de l’ancienne cathédrale de Tolède, détruite en dix-huit cent soixante-sept. Voyez à ce sujet les dissertations savantes de *** imprimées en 1999.

  1. Depuis quinze siécles nous ne voyons dans toute l’Europe d’autres monumens que des églises de mauvais goût avec de hauts clochers pointus. Les tableaux qu’on y voit n’offrent pour la plupart que des peintures hideuses & dégoûtantes. Que de monastères richement dotés ! Que d’universités opulentes ! Que de chapitres ! Que d’asyles ouverts à la fainéantise & au jargon théologique ! C’est cependant dans les tems où les peuples furent les plus pauvres qu’on trouva le secret d’élever des cathédrales & des temples très-couteux. Combien les nations seroient-elles florissantes, si elles eussent employé en aqueducs, en canaux, les sommes immenses inutilement dépensées à enrichir des prêtres & des moines ?