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les Européens ont exercées contre les peuples qui, comme vous, avoient la foiblesse & l’innocence pour partage. Garantissez-vous de l’air contagieux qui sort de leur bouche. Tout, jusqu’à leur sourire, est le signal des infortunes dont ils méditent de vous accabler ».

Les chefs de la nation s’assemblerent, & d’une voix unanime décernerent l’autorité à ce François qui se rendoit le bienfaiteur de toute la nation, en la préservant des plus horribles calamités. La loi de mort contre tout étranger fut portée & exécutée avec une rigueur vertueuse & patriotique, comme elle fut exécutée jadis dans la Tauride, peut-être chez un peuple, selon les apparences, aussi innocent, mais jaloux de rompre toute communication avec des peuples ingénieux, mais en même tems tyranniques & cruels.

On apprend que cette loi vient d’être abolie, parce que plusieurs expériences réitérées ont prouvé que l’Europe n’est plus l’ennemie des quatre autres parties du monde ; qu’elle n’attente point à la liberté paisible des nations qui sont loin d’elle ; qu’elle n’est plus jalouse à l’excès du despotisme honteux de ses souverains ; qu’elle ambitionne des amis, & non des esclaves ; que ses vaisseaux vont chercher des exemples de mœurs simples & vraies, & non de viles richesses, &c. &c. &c.