Page:Mercier - L’An deux mille quatre cent quarante.djvu/379

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

langue & adopter des caractères plus simples, dès que nous avons voulu faire connoissance avec vous. Cela n’étoit pas plus difficile que d’apprendre l’Algèbre & les Mathématiques. Notre empereur a cassé cette loi antique, parce qu’il a jugé fort raisonnablement, que vous ne ressembliez pas tous à ces prêtres que nous avions nommés des Demi-Diables, à cause qu’ils vouloient allumer jusques parmi nous le flambeau de leur discorde. Si l’époque m’est présente, une connoissance plus étroite & plus intime s’est faite à l’occasion de plusieurs planches de cuivre que vous avez gravées. Cet art étoit nouveau pour nous, & il fut singulièrement admiré. Depuis nous vous avons presque égalés. — Ah ! j’y suis. Les dessins de ces planches représentoient des batailles : ils nous furent envoyés par cet Empereur poëte auquel Voltaire adressa une jolie épitre ; & notre Roi, ayant chargé de leur exécution ses meilleurs artistes, en a fait présent au Roi charmant de la Chine. — Justement : eh bien ! depuis ce tems-là la communication s’est établie, & de proche en proche les sciences ont volé d’un pays à un autre, comme des lettres de change. Les opinions d’un seul homme sont devenues celles de l’univers. C’est l’imprimerie, cette auguste invention, qui a propagé la lumière. Les tyrans de la raison humaine, avec leurs cent bras, n’ont pu arrêter son cours invincible. Rien n’a été plus rapide que cette