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re une triste impression sur son cœur. C’est ainsi qu’elle le préserve du souffle du vice, qui ternit si précipitamment la fleur de l’innocence.

L’éducation differe parmi nous suivant l’emploi que l’enfant doit occuper un jour dans la société ; car, quoique nous soyons délivrés du joug des pédans, il seroit ridicule de lui faire apprendre ce qu’il doit oublier dans la suite. Chaque art a sa profondeur, et pour y exceller il faut s’y adonner tout entier. L’esprit de l’homme, malgré tous les secours récemment découverts, et les prodiges à part, ne peut embrasser qu’un objet. C’est assez qu’il s’y attache fortement, sans lui prescrire des incursions qui ne peuvent que le détourner. Ce n’étoit qu’un ridicule dans votre siecle de vouloir être universel, c’est parmi nous une folie.

Dans un âge plus avancé, lorsque son cœur sentira les rapports qui l’unissent aux autres hommes, alors au lieu de ces futiles connoissances qu’on entassoit sans choix dans la tête d’un jeune homme, la mere, avec cette éloquence douce et naturelle qui appartient aux femmes, lui apprendra ce que c’est que mœurs, décence, vertu. Elle attendra le moment où la nature parée de tout son éclat parle au cœur le plus insensible, et lorsque le souffle libéral du printems aura rendu leurs ornemens aux vallons, aux fo-