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Elles allaitent leurs enfans, sans croire faire un grand effort ; & comme ce n’est point une grimace, leur lait est abondant & pur. On fortifie de bonne heure le corps de l’enfant : on lui enseigne à nager, à soulever des fardeaux, à lancer au loin avec justesse. L’éducation physique nous paroit importante. Nous formons son tempéramment avant de rien graver dans sa tête : elle ne doit pas être celle d’un perroquet, mais celle d’un homme.

La mère saisit l’aurore de ses jeunes pensées ; & dès que ses organes peuvent obéir à sa volonté, elle réfléchit de quelle maniere elle doit former son ame à la vertu. Comme elle doit tourner son caractère sensible en humanité, son orgueil en grandeur d’ame, sa curiosité en connoissance de vérités sublimes ; elle songe aux fables touchantes dont elle doit se servir, non pour voiler la vérité, mais pour la rendre plus aimable, afin que son éclat éblouissant ne blesse point la foiblesse de son ame encore inexpérimentée. Elle veille sur tous les gestes, comme sur tous les mots qu’on prononce en sa présence, afin qu’aucun d’eux ne puisse fai-

    donneront le ton, jugeront du mérite & du génie des hommes, les François n’auront ni cette fermeté d’ame, ni cette sage économie, ni cette gravité, ni ce mâle caractère qui doivent convenir à des hommes libres.