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Enfin il ne se passe pas un seul jour qu’on ne lui rappelle l’existence d’un être suprême, son œil ouvert sur le monde, la crainte de ce dieu, le respect pour sa providence, la confiance en sa sagesse infinie. Le plus abominable des êtres est sans contredit un roi athée. J’aimerois mieux être dans un vaisseau battu par la tempête & avoir affaire à un pilote ivre : le hazard pourroit du moins me sauver.

Ce n’est qu’à l’âge de vingt-deux ans qu’il lui est permis de se marier. Il fait monter sur le trône une citoyenne. Il ne va pas chercher une femme étrangère qui souvent apporte à la patrie un caractère qui, trop éloigné des mœurs du pays, dénature le sang des François, & fait qu’ils sont gouvernés plutôt par des Espagnols & des Italiens que par les descendans de nos braves ancêtres.

Le roi ne fait pas l’outrage à une nation entière de penser que la beauté & la vertu ne naissent que sur un sol étranger. Celle qui dans le cours de ses voyages a frappé

    à aucun de vous cette puissance que Dieu vous a donnée ; mais une chose dont je puis me vanter, c’est que dans mon petit État, à toute heure du jour je puis marcher seul & en sûreté. Je m’enfonce quelquefois dans un bois : je m’endors sous un arbre ; & tranquille, au milieu de mon peuple, je ne redoute ni le fer d’un assassin ni le glaive d’un vengeur. »