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pes qu’on faisoit dans les pays étrangers ; & c’étoit de ces artistes qu’on pouvoit dire : sous leurs heureuses mains le cuivre devient or.


CHAPITRE XXXV.

Salle du Trône.


Je ne quittai ces riches galeries qu’avec le plus vif regret, mais dans mon insatiable curiosité, jaloux de tout voir, je rentrai dans le centre de la ville. Je vis une multitude de personnes de tout sexe et de tout âge qui se portoit avec précipitation vers un portique majestueusement décoré. J’entendois de côté & d’autre : hâtons nos pas ! notre bon roi est peut-être déja monté sur son trône ; nous ne le verrions pas d’aujourd’hui ! Je suivis la foule : mais ce qui m’étonnoit fort, c’est que des gardes farouches n’opposoient aucune barrière aux empressemens du peuple. J’arrivai dans une salle immense, soutenue par plusieurs colonnes. J’avançai, et je parvins à voir le trône du monarque. Non : il est impossible de concevoir une idée plus belle, plus noble, plus auguste, plus consolante de la majesté royale. Je fus attendri jusqu’aux larmes. Je ne vis ni Jupiter tonnant, ni appareil terrible, ni instrument de vengeance. Quatre figures de marbre blanc,