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tageusement & l’on sut en tirer des têtes plus heureuses.

Je passai dans la dernière galerie, non moins curieuse que les autres par la multiplicité des ouvrages qu’elle présentoit. Là étoit rassemblée la collection universelle de dessins & de gravures. Malgré la perfection de ce dernier art, on avoit conservé les ouvrages des siécles précédens : car il n’en est pas d’une estampe comme d’un livre : un livre qui n’est pas bon par là-même est mauvais ; au lieu qu’une estampe qui se voit d’un coup d’œil sert toujours d’objet de comparaison.

Cette galerie, qui devoit son origine au siécle de Louis XV, étoit bien différemment arrangée. Ce n’étoit plus un petit cabinet, au milieu duquel une petite table pouvoit à peine contenir une douzaine d’amateurs, où l’on venoit dix fois inutilement pour trouver une place ; encore ce petit cabinet ne s’ouvroit-il que certains jours, c’est-à-dire, le dixième de l’année tout au plus, qu’on rognoit encore sur le moindre prétexte & à la moindre fantaisie du directeur. Ces galeries étoient ouvertes chaque jour, & confiées à des commis affables & polis, qu’on payoit exactement, afin que le public fût servi de même. Dans cette salle spacieuse on trouvoit à coup sûr la traduction de chaque tableau ou morceau de sculpture renfermé dans les autres galeries : elle contenoit l’abrégé de ces chef-d’œuvres qu’on avoit pris soin d’im-