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Nous avons fait des abrégés de ce qu’il y avoit de plus important ; on a réimprimé le meilleur : le tout a été corrigé d’après les vrais principes de la morale. Nos compilateurs sont des gens estimables & chers à la nation ; ils avoient du goût, & comme ils étoient en état de créer ils ont su choisir l’excellent, & rejetter ce qui ne l’étoit pas. Nous avons remarqué (car il faut être juste) qu’il n’appartenoit qu’à des siécles philosophiques de composer très peu d’ouvrages ; mais que dans le vôtre, où les connoissances réelles & solides n’étoient pas suffisamment établies, on ne pouvoit trop entasser les matériaux. Les manœuvres doivent travailler avant les architectes.

Dans les commencemens chaque science se traite par partie, chacun porte son attention sur la portion qui lui est échue : rien n’é-

    auteur, s’il sait penser, qui puisse se flatter raisonnablement de n’être point sifflé chez la génération suivante ? Ne nous moquons-nous pas de nos devanciers ? Savons-nous les progrès que feront nos enfans ? Avons-nous une idée des secrets qui tout-à-coup peuvent sortir du sein de la nature ? Connoissons-nous à fond la tête humaine ? Où est l’ouvrage fondé sur la connoissance réelle du cœur humain, sur la nature des choses, sur la droite raison ? Notre physique ne nous présente-t-elle pas un océan dont à peine nous côtoyons les bords ? Quel est donc ce risible orgueil qui s’imagine follement avoir posé les limites d’un art !