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royaume & permettent une libre circulation : nous avons sû joindre la Saone à la Moselle & à la Loire, & opérer ainsi une nouvelle jonction des deux mers, infiniment plus utile que l’ancienne. Le commerce répand ses trésors d’Amsterdam à Nantes, & de Rouen à Marseille. Nous avons fait ce canal de Provence, qui manquoit à cette belle province favorisée des plus doux regards du soleil. Envain un citoyen zélé vous offroit ses lumières & son courage ; tandis que vous payiez cherement des ouvriers frivoles, vous avez laissé cet honnête homme se morfondre pendant vingt ans dans une inaction forcée. Enfin nos terres sont si bien cultivées, l’état de laboureur est devenu si honorable, l’ordre & la liberté règnent tellement dans nos campagnes, que si quelqu’homme puissant abusoit de son ministère pour commettre quelque monopole, alors la justice qui s’élève au dessus des palais, mettroit un frein à sa témérité. La justice n’est plus un vain nom, comme dans votre siécle ; son glaive descend sur toute tête criminelle, & cet exemple doit être encore plus fait pour intimider les grands que le peuple ; car les premiers sont cent fois plus disposés au vol, à la rapine, aux concussions de toute espèce.

    qui devoit assurer leur bonheur. Quel siécle malheureux que celui où on le raisonne !