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L’unité d’un Dieu, Être incréé, Être spirituel, telle est la base de notre religion. Il ne faut qu’un soleil pour l’univers. Il ne faut qu’une idée lumineuse pour éclairer la raison humaine. Tous ces soutiens étrangers & factices que l’on vouloit donner à l’entendement, ne faisoient que l’étouffer ; ils lui prêtoient quelquefois (nous l’avouerons) une énergie que ne produit pas toujours l’aspect de la simple vérité ; mais c’étoit un état d’ivresse qui devenoit dangereux. L’esprit religieux a fait naître le fanatisme ; on a voulu commander telle & telle adoration, & la liberté de l’homme blessée dans son plus beau privilège s’est justement révoltée. Nous abhorrons cette espece de tyrannie ; nous ne demandons rien au cœur qui ne sait pas sentir : mais en est-il un seul qui se refuse à ces traits lumineux & touchans qui ne lui sont offerts que pour son propre bonheur ?

C’est donner atteinte à l’Être infiniment parfait, que de calomnier la raison & de la présenter comme un guide incertain & trompeur. La loi divine qui parle d’un bout du monde à l’autre, est bien préférable à ces religions factices, inventées par des prêtres. La preuve qu’elles sont fausses, c’est qu’elles ne produisent que de funestes effets : c’est un édifice qui penche & qui a besoin d’être perpétuellement étayé. La loi na-