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ment universel des hommes, nous sommes tous d’accord sur ce point important ; & celui-là posé, je n’aurai pas de peine[1] à vous faire comprendre que tous les principes de la morale la plus pure se déduisent d’eux mêmes appuyés qu’ils sont sur cette base inébranlable.

On pensoit dans votre siecle qu’il étoit impossible de donner au peuple une religion purement spirituelle ; c’étoit une erreur grave. Plusieurs de vos philosophes outrageoient la nature humaine par cette opinion fausse. L’idée d’un Dieu, dégagée de tout alliage impur, n’étoit pas cependant si difficile à saisir. Il est bon de le répéter encore une fois : C’est l’ame qui sent Dieu. Pourquoi le mensonge seroit-il plus naturel à l’homme que la vérité ? Il vous auroit suffi de bannir les imposteurs qui trafiquoient des choses sacrées, qui se prétendoient médiateurs entre la divinité & l’homme, & qui distribuoient des préjugés encore plus vils que l’or qu’ils en recevoient.

Enfin l’idolatrie, ce monstre antique, que les peintres, les statuaires & les poëtes avoient déïfié à l’envi l’un de l’autre pour l’aveuglement & le malheur du monde, est tombé sous nos mains triomphantes.

  1. Je crains Dieu, disoit quelqu’un, & après Dieu je ne crains que celui qui ne le craint pas.