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ses soins augustes & de sa clémence paternelle. Nos physiciens, nos astronomes, s’empressent dans ces jours d’allégresse à nous révéler les plus belles découvertes ; héraults de la Divinité, ils nous font sentir sa présence dans les objets qui nous paroissent les plus inanimés : tout est rempli de Dieu, disent-ils, & tout le révele[1] !

Aussi nous doutons que dans toute l’étendue du royaume, il se trouve un seul athée[2]. Ce n’est point la crainte qui fermeroit sa bouche : nous le trouverions assez à plaindre pour lui infliger d’autre supplice que la honte ; nous le bannirions seulement du milieu de nous, s’il devenoit l’ennemi public & opiniâtre d’une vérité pal-

  1. Le culte extérieur des Anciens consistoit en fêtes, en danses, en hymnes, en festins, le tout avec très-peu de dogmes. La divinité n’étoit pas pour eux un être solitaire, armé de foudres. Elle daignoit se communiquer & rendre sa présence visible. Ils croyoient l’honorer plutôt par des fêtes que par la tristesse & les larmes. Le législateur qui connoîtra le mieux le cœur humain, le conduira toujours à la vertu par la route du plaisir.
  2. C’est à l’athée de prouver que la notion d’un Dieu est contradictoire, & qu’il est impossible qu’un tel être existe : c’est le devoir de celui qui nie d’alléguer ses raisons.