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sée, à demi craintive, mais s’affermissant par degré et finissant par arriver à un ton d’exaltation profonde :

— « Pardonne-moi, lui dit-il, pardonne à ce qu’il peut y avoir d’insulte dans mes paroles. En te demandant si tu n’en aimes pas un autre que moi, sois persuadée, Francisca, qu’il ne m’est pas venu dans la pensée de soupçonner ta vertu, de douter un seul instant que tu sois restée fidèle à ton devoir ; non, je puis croire à ton inconstance, et non pas à ton avilissement. Je ne t’accuse pas d’avoir manqué à l’honneur, d’avoir trahi ta foi d’épouse. Si je te soupçonnais d’infamie, je t’aurais apporté des preuves, je t’aurais confondue, abîmée dans ta honte. Je ne serais pas venu, m’en rapportant à ton seul aveu, me soumettant d’avance à la plus entière conviction, te prier de vouloir bien confirmer ou détruire le doute affreux qui me ronge… Mais, Francisca, comment veux-tu que je me croie aimé, ou du moins aimé seul ? Est-il possible que tu m’aimes de tout