rendre laide, qu’on le devient par l’inévitable effet du temps, et que, riche la veille, on peut se trouver pauvre le lendemain.
Qu’était-il résulté de tout cela ? que Fulbertine ayant de la fortune, de la beauté et des talens, s’était facilement imaginé qu’elle pouvait se passer de toute autre chose. Habituée à l’adulation continue de sa tante, à la flatterie qu’on prodigue dans le monde avec tant de facilité à ceux qui ne demandent pas autre chose, elle s’était persuadée que toute volonté devait s’incliner devant la sienne ; que partout où elle paraissait elle devait être au premier rang, et qu’elle seule avait la permission d’être belle et de bien chanter. S’avisait-on maladroitement de prétendre qu’une autre femme était jolie ? vite elle la détestait. Une autre femme avait-elle une belle voix, était-elle bonne musicienne ? Il était sur-le-champ décidé qu’elle ne pourrait jamais la souffrir, qu’elle lui déplairait à la mort dans tous les endroits où elle la rencontrerait. Aussi arrêta-t-elle bien