Reprenez votre ancienne couturière ; cette robe-ci ne vous va pas, à beaucoup près, aussi bien que celle que vous avez portée l’autre jour ; vous savez ? celle que vous aviez au bal de la baronne, où l’on a tant admiré votre voix, où l’on vous a trouvée si jolie ! »
Fulbertine est au lit. Pendant qu’elle dort, causons un peu, nous qui ne dormons pas. Mais parlons bas, car si ses yeux feignaient le sommeil, malheur à nous !
Voyons, que pensez-vous du caractère de mademoiselle de Lucé ? Qu’elle est méchante, orgueilleuse et jalouse. Méchante ? non ; jalouse ? peut-être ; orgueilleuse ? par accident. Nous la connaissons mieux que vous, qui ne la jugez que par le masque. Nous qui sommes d’anciennes connaissances de son cœur, nous allons vous dire ce qu’il est.
La nature avait donné à Fulbertine de Lucé un esprit souple, un jugement développé, une âme simple et douce. Malheureusement pour elle, elle n’était encore qu’une enfant, une jolie, spirituelle et naïve