sait-il la musique ? sait-il tout ce que je sais ? Peut-il penser comme moi ? sentir comme je sens ? me comprendre, enfin ?
— Non, sans doute, il ne vous comprendrait pas plus que vous ne l’entendriez. Mais vous parlez de musique et de peinture, eh bien ! quoique ce nègre ne sache pas une note et n’ait jamais vu un crayon, cela n’empêche pas qu’il n’ait au même degré que vous la faculté de la musique et celle de la peinture.
— Comment cela, ma bonne amie ?
— Rien ne m’est plus facile que de vous l’expliquer. Les hommes, ma chère enfant, ont en eux le principe de certaines passions, de telles ou telles qualités, de tels ou tels vices, comme de certaines dispositions d’esprit. Tous ces principes divers qui résident dans le sein des mortels n’agissent pas toujours. C’est alors la cause sans effet. Ce qui fait mouvoir tous ces ressorts, c’est ordinairement l’éducation qu’on reçoit et l’usage du pays où l’on se trouve ; quelquefois aussi c’est le hasard qui apprend à un individu ce qu’il