Page:Mercœur - Œuvres complètes, II, 1843.djvu/254

Cette page n’a pas encore été corrigée

plus fidèle. Elle ne s’éloigne pas un instant d’auprès du cœur ; mais, Protée habile, elle sait prendre toutes les formes ; elle change de visage comme les désirs changent d’objet. Si le passé appartient à la mémoire, l’avenir est le domaine de l’espérance, qui, franchissant l’étroit espace de la réalité, emporte l’âme dans le vaste champ du possible. Quand l’homme épuise la coupe de l’infortune, l’espérance est comme une goutte de miel au fond du calice amer. Fantôme brillant du bonheur, elle est plus séduisante que le bonheur même. Sans doute, elle est souvent trompeuse ; mais, quelque prodigue qu’elle soit de mensongères promesses, c’est en vain que l’on reconnaît l’erreur de la confiance qu’elle inspire ; parle-t-elle, on la croit encore. Si les hommes sont des voyageurs dans la vie, l’espérance n’est-elle pas leur bâton de voyage ! C’est un doux oreiller où s’appuie le cœur du malheureux pour s’y délasser de ses maux. C’est une fraîche oasis dans un brûlant désert.