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— Je ne puis pas te promettre de n’y plus penser, mon mari, puisque l’on pense malgré soi, et que, plus tard, j’espère bien la faire ; mais je te promets de ne t’en plus parler d’ici là [1], parce qu’il dépend de moi, vois-tu, de m’en empêcher.

— Et tu ne feras plus de vers [2] ?

— Non, mon mari.

— À la bonne heure.

Depuis lors, Élisa se livra avec ardeur à l’étude ; la pauvre petite ressentait un tel besoin de s’instruire, que, malgré son amour pour les contes et les poupées [3], elle ne reculait devant aucune des choses qu’on offrait de lui apprendre.

  1. Élisa tint parole. Ce ne fut que bien des années après en assistant à une des représentations que Ligier était venu donner à Nantes et en voyant jouer Othello qu’elle parla pour la première fois de sa tragédie de Boabdil ; mais alors elle était poète et pouvait juger ce qu’elle était ou non capable de faire. On en trouvera les détails dans la Notice sur Jane Gray, qui est dans ce volume, page 448.
  2. Autant M. Danguy défendait alors à Élisa de faire des vers, autant, lorsqu’elle fut déclarée poète, il la pressait d’en faire ; il était si heureux et si fier du succès qu’obtenait son élève, qu’il aurait voulu qu’elle consacrât tous ses instans à la poésie.
  3. Ce ne fut qu’en prenant la lyre qu’Élisa déposa les poupées ; elle les aimait avec une telle passion qu’elle n’y aurait, je crois, jamais renoncé sans la poésie. Aussi le sacrifice qu’elle lui en fit ne fut-il jamais bien pur de regrets, car chaque fois depuis,