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le faut, pou te bien pénétrer de l’importance d’un tel travail. Et puis cela fait, regarde : Vois-tu sur ce rayon ces douze gros volumes qui portent pour titre Cours de littérature de La Harpe ?

— Oui, ma petite maman.

— Eh bien ! mon enfant, il faudra encore que tu les aies lus et commentés avant de commencer ta tragédie ; La Harpe te donnera d’utiles leçons, je t’assure, pour ce que tu veux faire. Tu verras ce qu’il dit des habiles écrivains que je viens de te nommer, la comparaison qu’il fait de leurs pièces avec celles des anciens ; et, comme tu ne lis rien sans fruit, je suis persuadée que tu mettras à profit ses sages critiques. Ainsi tu vois, mon Élisa, que lorsque je te dis qu’il te faut plusieurs années pour arriver au but que tu le proposes, je n’ai pas tort. Mais comme ta pièce ne presse pas, ma chère belle, je t’engage à ne point te hâter et à mettre tout le temps qu’il te faudra pour apprendre.

— Moi, ma petite maman, je crois au contraire qu’il faut que je me dépêche, car si les personnes chez lesquelles tu as placé ton argent venaient à te le faire perdre, comment ferais-tu pour t’en procurer si ma tragédie n’était pas