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trouve obligé de le mettre bas, ou s’il persiste à le porter jusqu’au but dont sa confiance en ses forces ou tout autre sentiment l’ont empêché de mesurer la distance, on le voit succomber sous son poids sans avoir pu atteindre ce but, objet de toute son ambition. Ne pense pas, mon Elisa, que je ne te parle ainsi que pour t’empêcher de donner suite à ton projet de tragédie, non, ma petite, non, je ne te demande seulement que de l’ajourner jusqu’au moment où tu auras acquis toutes les connaissances qu’exige une telle œuvre ; alors si les années n’ont point amoindri ce désir qui te porte à faire une pièce pour me rendre riche, tu pourras, ma chère mignonne, mettre à exécution ce dessein si louable de travailler pour le bonheur de ta mère ; mais au moins sera-ce avec le sentiment intime de ce que tu seras capable de faire. D’ici là, ma bonne petite, promets-moi de ne pas faire de vers et de ne t’occuper que de tes études ; les progrès constans que tu as faits depuis que tu les as commencées peuvent faire pressentir ceux que tu feras dans ce qui te reste à apprendre ; car qui pourrait désormais t’embarrasser quand, à sept ans et demi, tu raisonnes les difficultés de