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Il était bien rare que les leçons se passassent sans quelque dispute entre le maître et l’écolière. Quoiqu’Élisa apprît avec une vitesse surprenante, elle aurait bien voulu pouvoir avancer le temps, car la pauvre enfant était persuadée qu’il coulerait inutilement pour elle jusqu’au moment où elle l’emploierait à faire sa tragédie, et elle voulait, en dépit des remontrances de M. Danguy, s’essayer à rimer…

« Si tu rimes encore, ma petite femme, lui dit-il un jour en lui prenant des vers qu’elle avait faits [1], je ne te dirai plus de contes.

— Eh bien ! mon mari, maman m’en dira. N’est-ce pas, ma petite maman mignonne ?…

— Mais songe donc, ma petite femme, que tu n’es pas de si tôt en état de faire ta tragédie, et que tu ne dois faire des vers que lorsque tu seras capable de les bien faire. Il faut que tu débutes avec avantage, vois-tu, ou point… Occupe-toi maintenant d’apprendre tout ce qu’il te faut savoir pour réussir dans ton entreprise… Tu n’as pas encore lu l’Art poétique de Boileau, ma petite femme ; quand tu l’auras commenté,

  1. M. Danguy avait grand soin d’emporter tous les vers qu’il enlevait à Élisa.