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— Tu sens bien qu’elle sera encore mieux quand je la leur enverrai, parce que je la rarangerai. Maintenant il faut que je m’occupe à faire ma tragédie. Il faut que tu aies la complaisance de me coudre deux mains de papier ensemble : ce ne sera pas trop, n’est-ce pas ? — Dis donc, ma petite maman mignonne, si elle allait avoir bien du succès, ma tragédie ! Tu serais bien contente, par exemple, quand on la jouera, si on vient à demander l’auteur, comme celui dont on parlait l’autre jour dans le journal ; ce sera toi qui me mèneras, et si on me jette des couronnes, je te les donnerai toutes. Donne-moi bien vite du papier, ma petite maman, je t’en prie, pour que je me mette au travail ; il ne faut pas, vois-tu, que je perde mon temps ; je n’ai qu’à me dépêcher, si je veux avoir fini à six ans et demi.

— Mais tu ne réfléchis donc pas, mon enfant, que tu as bien d’autres choses à faire auparavant ?

— Et quoi donc, ma petite maman ?

— Il faut, pour que tu sois en état défaire une tragédie, que tu commences par apprendre les principes de la langue française, ceux de la versification, et que tu connaisses l’histoire et la géographie.