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— Sans doute ; mais, dis-moi, ne crains-tu pas un peu la mésaventure des deux chasseurs, qui vendirent la peau d’un ours avant de l’avoir jeté par terre ?

— Oh ! mais non, ma petite maman ; moi, je n’enverrai pas ma lettre avant que ma pièce soit faite… »

Et elle prit la plume et écrivit ce qui suit :

« Messieurs les comédiens du Théâtre-Français,

« J’ai une maman que j’aime de toute mon âme et qui malheureusement n’est pas très riche. Comme je ne peux pas lui donner de l’argent comme je lui donne mon cœur, j’ai fait une tragédie pour lui en procurer, et c’est pour y parvenir que je désire qu’elle soit représentée par vous, et que je viens vous supplier de vouloir bien m’en accorder une lecture. Si je suis assez heureuse, messieurs, pour que vous consentiez à entendre ma pièce, veuillez avoir la bonté, je vous prie, de me le faire savoir, afin que je me rende aussitôt à Paris avec maman ; car, si vous ne le trouvez pas mauvais, messieurs les comédiens, je lirai moi-même ma tragédie, quoique je sois bien jeune encore, puisque je n’ai que six ans et demi… »