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— Je prends mon sujet dans Gonzalve de Cordoue, ma petite maman ; c’est si joli ! et le titre sera Boabdil, roi de Grenade. Tu sens bien que je ne manquerai pas de mettre Zoraïde et Abenhamet en scène ; mais, par exemple, ils mourront tous les deux !

— Tu seras inexorable, à ce que je vois, mon enfant ; enfin, si tu es aussi heureuse dans l’exécution de ta tragédie que tu l’es dans le choix du sujet et du titre, ton succès me paraît assuré…

— Oh ! pour ça, ma petite maman mignonne, je suis sûre que je réussirai à la bien faire, parce que j’en ai demandé, ce matin, avant de commencer à jouer la tragédie du pauvre Roi Léar, la grâce au bon Dieu, à genoux encore, au pied du crucifix qui est dans le fond de notre lit, et j’ai pris de l’eau bénite pour faire un signe de croix, avant et après l’avoir prié ; ainsi je pense, d’après cela, que le bon Dieu me fera bien écrire ma tragédie. Ce qui me le fait croire, Vois-tu, c’est qu’il sait bien que je ne la fais que pour te rendre riche. Je le lui ai dit, et que si elle était mauvaise tu ne pourrais pas le devenir, puisqu’on ne pourrait pas la jouer : ainsi, je suis bien tranquille là-dessus ; je réussirai !…