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n’est-ce pas, ma petite maman ? Je ne sais vraiment pas comment le bon Dieu ne les a pas empêchées de faire tant de mal à leur père ! Tu conviendras, maman, qu’il a tout de même eu un peu de tort là-dedans, le bon Dieu…

— Et comment cela, ma chère fille ?…

— C’est que lui, qui voit tout, ma petite maman mignonne, qui peut tout, qui connaît jusqu’à nos plus secrètes pensées, et tu sais bien que c’est la vérité ça, puisque c’est dans le catéchisme que tu m’as acheté, pouvait bien dire au roi Léar, puisqu’il savait que ses deux filles aînées seraient des ingrates : Tenez, mon bon roi Léar, ne donnez pas votre bien à vos deux filles aînées ; ce sont deux méchantes, qui ne vous aiment pas du tout ; il n’y a que votre jeune fille qui vous aime et qui soit bonne. Tu sens bien que si le bon Dieu lui avait dit cela, d’abord, moi, je le lui aurais dit à sa place, que le pauvre roi Léar aurait gardé sa jeune fille avec lui et qu’il serait resté sur son trône ; ainsi il a eu tort, le bon Dieu, de ne rien lui dire, à moins pourtant qu’il n’ait été occupé à autre chose dans ce moment-là.

— Mais, ma chère petite, lui dis-je, songe que Dieu, qui se fait sentir à notre cœur, qui