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C’est Édouard vêtu de la pompe du deuil.
Je monte en frémissant les degrés du cercueil.
Une majesté sombre est là qui l’environne ;
Soudain me découvrant un sceptre, une couronne :
Dans ma tombe, pour toi, je les avais cachés,
Me dit-il ; prends. Ses bras vers moi se sont penchés.
Alors j’ai cru sentir, dans ma frayeur extrême,
Se poser sûr mon front comme un froid diadème.
Oui, j’eus froid, oui… Je fuis ce temple de la mort.
Je m’élance, je vois qui ? Mon père et Gilfort.
Un peuple répétant mon nom qu’il vocifère,
Me proclame à grands cris reine de l’Angleterre.
Mon époux le premier s’incline devant moi.
Je m’assieds à la place où fut le dernier roi.
Bientôt (à ce penser, mon père, je frissonne)
Je cherche, je regarde et ne vois plus de trône ;
Seulement il s’élève un immense échafaud.
Je vois, je vois briller la hache du bourreau.
Je me débats pour fuir l’épouvantable fête,
De Gilfort à mes pieds soudain bondit la tête.
Je tombe… Un cri de mort est encore entendu…
C’était le mien, mon père, et je n’ai plus rien vu.
J’avais jusqu’à présent considéré ce songe
Comme une vague erreur, un futile mensonge.
Ce rêve en mon esprit revenu malgré moi,
M’inspire comme un trouble, une espèce d’effroi [1].


  1. Allons, voilà encore du travail inutile ; tout le monde a fait et fait des songes… Et Élisa condamna le sien à ne pas voir le jour.