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Vous riez en marchant, lorsque vieux voyageur,
Je sais qu’à chaque pas, on effeuille une fleur.

JANE.

Cessez de m’annoncer l’heure de la tempête.
Laissez-moi voir la vie ainsi qu’un jour de fête,
Laissez-moi l’embellir de tendresse et d’espoir,
M’enivrer de bonheur. Je ne veux pas savoir
Ce qu’ici-bas pour moi le sort, hélas ! prépare :
Le mal qu’on a prévu voit-on qu’on le répare ?
Quand j’offre mes pensers à Dieu qui les entend,
Je ne veux pas savoir quel avenir m’attend [1].


  1. Après avoir écrit la scène ci-dessus, Élisa me demanda comment je la trouvais. « Pleine de pensées, ma chère mignonne ; mais il me semble que Jane Gray ne devait point avoir le caractère léger que tu lui donnes, car sa profonde instruction faisait, selon moi, de Jane un philosophe plutôt qu’une jeune fille gaie et insouciante… — Tu as raison, me dit-elle, cent fois raison ; mais je me suis laissé aller sans réflexion au plaisir de faire des vers gracieux, mais tout-à-fait, comme tu le dis, en opposition avec le caractère de Jane. Ainsi voilà du temps perdu. »