mais vous ne pouvez m’en dire votre sentiment, puisque M. S… a lu mon plan tout bas. »
Quoique Élisa regrettât vivement son plan, elle ne laissa pas cependant que d’en combiner un autre sur les données de M. S… Il le trouva bien. Alors Élisa commença sa tragédie, c’est-à-dire qu’elle fit des vers, de beaux vers et beaucoup, mais sans résultat, sans arrêter un acte, une scène. Elle fit et repoussa successivement plusieurs expositions [1], parce que, comme elle l’avait dit à l’ami de M. S, elle manquait de goût pour l’imitation, et qu’elle y trouvait toujours quelque rapport avec ce qui avait été fait ; ce qui la mettait dans un état d’irrésolution désespérant pour un poète… Un jour qu’elle avait
- ↑ Elles se trouvent à la fin de cette notice.
sur la tête de l’époux qu’elle idolâtre si elle n’embrasse la religion de Marie, ne peut se résoudre, pour sauver les jours de l’époux pour lequel elle sacrifierait mille vies si elle les avait, à abjurer sa croyance religieuse, et, à genoux, les bras tendus vers cet époux que son refus condamne à mourir, lui demande pardon de ne pouvoir le préférer à Dieu. Puis, se relevant, et avec cette dignité que donne le sentiment intime de la conscience dit à Marie qui est assise sur le trône d’ordonner à ses bourreaux de frapper ses deux victimes : Que Dieu l’emporte !!!
Jane Gray a dix-sept ans ; luttant ainsi entre la religion et l’amour, et la religion l’emportant, présentait, selon Élisa, un intérêt beaucoup plus puissant et beaucoup plus dramatique que Jane Gray assassinée lorsqu’il n’a pu dépendre d’elle de ne pas l’être.