Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée

la manière dont ils sont décrits, plus ou moins de valeur à son ouvrage. Il faut donc, pour que tout puisse paraître vrai, que l’auteur ait grand soin de se demander, lorsqu’il fait parler ou agir ses personnages : Si c’était moi ! que dirais-je ou que ferais-je en pareille circonstance ? Je ne sais si tu me comprends, ma chère belle ?

— Oh ! oui, oui, ma petite maman mignonne, je te comprends très bien… Puisque, comme tu le dis, il faut toujours qu’un écrivain se demande : Que dirais-je ou que ferais-je, je crois que Florian a oublié de se demander s’il pouvait laisser vivre Zoraïde après la mort d’Abenhamet !


— Et qu’est-ce qui te fait penser que Florian a oublié de s’adresser cette question, mon petit enfant ?

— C’est que, vois-tu, ma petite maman, je pense que si Zoraïde aimait Abenhamet autant que Florian le dit, qu’elle aurait dû mourir quand Boabdil lui a fait jeter sa tête à ses pieds ; car je sens bien que moi, qui t’aime tant, je mourrais, si on me jetait ta tête aux miens. »

Quelques jours après ce que je viens de rapporter, j’étais allée, d’assez bon matin, à la messe, avec ma bonne ; nous avions laissé Élisa