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pas le droit Je parler ; dans un procès, vous ne seriez pas entendue, car tous les oiseaux trouvent leur nid beau. »

Maman obéit à cet ordre insolent de M. le baron Taylor. Avant de sortir, je lui redemandai s’il était bien vrai qu’une lettre de refus avait été écrite et signée par MM. Monrose, Joanny et Granville.

« Je vous le répète encore, mademoiselle, me répondit-il ; c’est moi qui, par égard pour vous, n’ai pas voulu qu’on vous l’envoyât. »

Comme il achevait ces mois, la porte du comité s’ouvrit, et M. Monrose entra. Il vint à moi d’un air riant.

« Monsieur, lui dis-je, je viens de prendre un arrangement avec M. Taylor : j’aurai une seconde lecture devant un comité de sept membres.

— Il le faut bien, dit M. Monrose, cela ne peut pas être autrement.

— Monsieur, lui dis-je, vous avez donc refusé ma tragédie ?

— Non, mademoiselle, nous l’avons acceptée tous trois.

— Comment se fait-il donc, monsieur, que vous ayez signé une lettre de refus ?

— Qui vous a dit cela, mademoiselle ?

— M. Taylor que voici… »

Alors M. Monrose croisa les bras, passa devant M. Taylor, et frappant du pied :

« Qu’avez vous dit, monsieur ? Nous avons signé une lettre de refus ! Cela n’est pas ; nous avons tous trois accepté la tragédie de mademoiselle ; c’est vous, monsieur, qui vous êtes opposé à la réception. Permettez-moi, monsieur, de vous dire que tout ce que vous avez fait jusqu’ici est fort ridicule et surtout fort inconvenant. Ayez soin qu’à la seconde lecture de mademoiselle il ne manque personne au comité ; prenez vos précautions, monsieur. Vous aurez la bonté de laisser passer Camille Desmoulins, afin que nous ne soyons détournés par rien. La tragédie de mademoiselle est trop importante pour être entendue légèrement. »