Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/636

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Cependant le nom d’une femme a valu un brillant succès à la Belle Fermière.

— Vous êtes dans l’erreur, mademoiselle, c’est que la Belle Fermière est une pièce du plus grand mérite, et que c’est à ce mérite qu’elle a dû les huit cents représentations qu’elle a eues aux Français.

— Eh bien ! monsieur, si ces considérations ne sont rien, je pense que la magnificence des décors et la pompe de la représentation sont quelque chose pour le public.

— Non, mademoiselle.

— Quoi ! monsieur, tout le luxe oriental, uni à ce magnifique palais de l’Alhambra, ce jardin du généralif, si vanté, et cette belle place de l’Albaysin, ne pourraient piquer la curiosité de personne ?

— Non, mademoiselle : je vous mettrais tout Grenade sur la scène que pas une personne ne sortirait de chez elle pour l’aller voir.

— Mais si ma tragédie réunit les avantages que lui ont trouvés ces messieurs, c’est pourtant une chance de succès.

— Vous êtes dans l’erreur, mademoiselle, cela ne fait rien.

— Alors, monsieur, soyez donc assez bon pour m’indiquer les corrections qu’il faut que je fasse à ma pièce, afin que vous ne vous opposiez plus à sa représentation.

— Je ne m’y opposerais pas, mademoiselle, si je pouvais me persuader qu’elle pût me faire faire de l’argent.

— Eh ! pourquoi en douter, monsieur ?

— C’est qu’il n’y a pas conviction chez moi, mademoiselle.

— Oh ! ne soyez pas insensible à la prière d’une pauvre jeune fille qui vous implore pour sa mère ; songez que je suis son seul soutien…

— Mademoiselle, je n’ai plus rien à vous dire.

Maman, qui pendant toute cette scène avait gardé le silence, me dit alors :

« Sortons ; tu ne parviendrais pas à convaincre monsieur.

— Madame, répondit M. Taylor, taisez-vous, vous n’avez