Page:Mercœur - Œuvres complètes, I, 1843.djvu/630

Cette page n’a pas encore été corrigée

BOABDIL, avec délire.

Oh ! par pitié pour moi, tu ne vas pas mourir ;
Non, tu vois les tourmens qui dévorent mon âme.
Tu ne vas pas mourir… Zoraïde… ma femme !

ZORAÏDE.

Quelle affreuse douleur !

BOABDIL, éperdu.

                                              Dis-moi que tu vivras !
Zoraïde, ô mon Dieu ! ne meurs pas, ne meurs pas !

ZORAÏDE.

Un reste d’existence, une souffrance horrible,
Se livrent dans mon sein une lutte pénible.
Dieu !

BOABDIL, abattu.

            Je n’ose pas même implorer mon pardon,
Tu le refuserais, tu me détestes ?…

ZORAÏDE est long-temps à dire ce dernier couplet, peu à peu sa voix s’éteint.

                                                                Non !
Zoraïde au tombeau n’emporte pas de haine.
Reviens de ce transport ou la douleur l’entraîne.
Non, je ne te hais pas. Un indigne imposteur
Fit entrer malgré toi le crime dans ton cœur…
Qu’il en sorte !… qu’enfin, la vertu soit ton guide !…
Boabdil… je pardonne !… Oui !… je meurs !
(Sa tête retombe.)

BOABDIL se jette à ses pieds en criant.

                                                                              Zoraïde !!!

(Sa tête retombe sur les genoux de Zoraïde.)
(La toile tombe.)

FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER ACTE.