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Insultant à mes maux, son regard étincelle !

(Après un moment de silence, Zoraïde s’adresse à Ibrahim)

Mon père, puis-je ici d’une esclave fidèle
Reconnaître les soins ?

IBRAHIM.

                                            La générosité,
Reine, n’est pas un droit que l’on vous ait ôté ;
Vous le pouvez.

ZORAÏDE, à Inès.

                            Inès, comme après moi peut-être,
Ignorant tes vertus, hélas ! quelque autre maître
Rendrait pesans les nœuds de ta captivité,
Devant ce peuple et Dieu reçois ta liberté !
Accepte cet écrin, ces parures légères ;
Voici le seul instant qu’elles me semblent chères.
Accepte-les, Inès ; qu’après ma mort, du moins,
Ton sort soit à jamais à l’abri des besoins !

INÈS.

Non, non, je n’en veux pas, ô ma digne maîtresse !
N’augmentez pas ainsi la douleur qui m’oppresse ;
N’arrachez pas mon cœur à son pressentiment.
Laissez-moi croire encor, jusqu’au dernier moment ;
Que vous ne mourrez pas de cet affreux supplice.
Puisque c’est Dieu qui juge, il vous rendra justice.
Les hommes quelquefois condamnent la vertu ;
Mais le ciel la protège ; espérez !

ZORAÏDE, entendant frapper six coups sur l’airain, se rappelle qu’elle doit périr à cette heure si personne ne se présente pour la défendre, dit à Inès :

                                                            Entends-tu ?
Et pas un défenseur, pas un seul !

ALY, à part, avec une joie satanique.

                                                            Je l’emporte !