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Et ses frères, pour lui, se chargeant de ce soin.
Il eût pu de ma mort n’être que le témoin.
Mais non, lui seul bravant le tumulte et le nombre…

ALY.

On sauve son rival au grand jour, mais dans l’ombre,
On l’assassine…

BOABDIL, indigné.

                              Arrête ! Ah ! quel est ton espoir !
Le charme est dissipé, j’échappe à ton pouvoir.
N’attends pas que sur moi jamais il recommence !
Laisse-moi ; je t’ai dû trop long-temps ma démence ;
Par d’infâmes conseils, trop long-temps, vil flatteur,
Comme un poison vivant, lu m’as gâté le cœur.
J’avais soif d’être aimé, tu m’abreuvas de haine ;
Une ivresse infernale, en brûlant chaque veine,
À passé dans mon âme, et long-temps altéré,
Une fièvre de crime, hélas ! m’a dévoré !
Mais elle cesse enfin !…

ALY.

                                              Calme-toi.

BOABDIL.

                                                                  Dieu suprême !
Me calmer ! quand bientôt va mourir ce que j’aime !
Me calmer, quand sa mort va tuer mon bonheur !

ALY.

Trembles-tu qu’à sa cause il manque un défenseur ?

BOABDIL.

Malheureux ! et quels bras veux-tu qui la défende ?
J’imprime à mes sujets une terreur si grande,
Qu’il n’en est pas un seul, en ce moment affreux,
Qui soit assez hardi pour être généreux.

ALY.

Qui sait ?