Sans ramasser un seul des débris de ton règne,
Des flatteurs d’autrefois sans un seul qui te plaigne ;
Versant d’indignes pleurs dans les lâches regrets,
Tu resteras chargé d’inutiles forfaits.
Alors, tu mendîras l’oubli pour ta mémoire,
Mais en vain ; des héros s’il conserve la gloire,
S’il redit leurs vertus, l’inflexible avenir
Garde aussi des tyrans l’odieux souvenir :
On ne t’oublîra pas !
Silence à ton audace !
C’en est trop ! Si le ciel accomplit la menace,
Si du trône je dois être précipité,
Devant ce qu’il me reste encor d’autorité,
Obéis ! Son arrêt, juges !
d’Abenhamet et de Boabdil.
Roi, son outrage
De leur crime n’est pas l’irrécusable gage ;
Nous n’avons pas de preuve.
Achevez ces débats !
Nous ne pouvons absoudre, et ne condamnons pas.
Eh bien ! prononcez donc.
Roi, propice ou contraire,
Aux passions la loi doit rester étrangère ;
Le crime est tout pour elle ; et devant son forfait,
Comme l’accusateur, l’accusé disparaît.