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Toi, qui vois mes tourmens, qui connais ma vertu,
Dans l’éternel séjour, mon père, que dis-tu ?
Lorsqu’attachant l’opprobre au nom de ta famille,
Un arrêt infamant va peser sur ta fille !
Tout pour Dieu, pour son cœur ; rien pour les lois, hélas !
Son innocence est vaine, on ne la connaît pas !

ABENHAMET.

Ô mon Dieu !

BOABDIL.

                        Qu’elle est belle !

ALY, à part, en observant Boabdil.

                                                          Attendri par ses larmes,
Son courroux adouci déjà rend-il les armes ?
Ya-t-il ?…

IBRAHIM.

                  Abenhamet, maintenant défends-toi.

ABENHAMET.

Non, non ; tout est trop bien concerté contre moi ;
Quoique innocent, en vain je voudrais me défendre,
Je dois vous épargner la peine de m’entendre ;
Vous ne me croiriez pas !

IBRAHIM.

                                              Un tel refus pourtant
Est loin de nous prouver que tu sois innocent.
Que tu le sois ou non, réponds avec franchise.
Admis dans tes secrets de crainte de surprise,
Quelqu’un dans le jardin avec toi parvint-il ?

ABENHAMET.

Devais-je avec quelqu’un partager mon péril ?
J’étais seul !