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peine que je me donne pour lui montrer ; mais cela ne sert à rien, elle ne m’écoute pas, cela me désole. Vous ne savez pas ce que je pense, madame ?

— Non, madame, lui dis-je.

— Eh bien ! madame, j’ai dans l’idée que ma fille ne m’aime pas, car il me semble que si elle m’aimait, elle apprendrait. Croiriez-vous que l’autre jour je lui ai demandé comment elle épellerait : j’aime ma petite maman mignonne, qu’elle s’est mise à pleurer, et qu’elle ne m’a pas répondu, et pourtant je le lui ai épelé plus de vingt fois pour le lui apprendre, mais je n’ai jamais pu réussir à le lui faire redire après moi ; ainsi vous voyez bien, madame, que ma fille ne m’aime pas, car certainement elle eût épelé : j’aime ma petite maman mignonne ; c’est si facile quand on aime sa maman, moi je l’ai appris tout de suite, mais j’aime tant ma mère… Et puis je n’ai jamais pleuré qu’une fois en lisant, je n’aurais pas voulu lui faire deux fois du chagrin… Vous qui avez élevé un enfant, madame, donnez-moi des conseils, je vous prie, sur la manière dont je dois élever Marie ; j’ai beau lui acheter des gâteaux et lui lire toutes les belles affiches qu’elle me demande de lire, espérant