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Adieu ! Jusqu’en ces lieux, dans ta fureur timide,
Laisse d’Abenhamet la tribu parricide,
Dérobant un coupable au supplice des lois,
T’arracher et le trône et la vie à la fois.
Puisqu’en vain je combats ta funeste imprudence.
De cette mort sans gloire expire sans vengeance.
Peut-être la raison, t’apparaissant trop tard,
Se montrera terrible à ton dernier regard ;
Et si notre âme sort de la tombe muette,
Le ciel ouvrant ces murs à ton ombre sujette,
Demain, tu reverras ce trône où ton rival
Fut assis par son crime et ton doute fatal !

BOABDIL, furieux.

Arrête ! tu me rends à toute ma colère !
Qu’ils meurent, c’en est fait ! qu’à jamais de la terre,
Par leur complot souillée, ils disparaissent tous !
Oui, tous ! au même instant frappés des mêmes coups,
Que ce soit dans le marbre où leurs têtes bondissent !
Les ondes de leur sang que les lions vomissent !
Que mon peuple, effrayé de leur terrible fin,
Connaisse mon pouvoir, et tremble !… Cours !

ALY, avec un sourire de tigre.

                                                                                    Enfin !


Scène II.

BOABDIL, seul, restant un moment absorbé.

Oui, le ciel, pardonnant un forfait nécessaire,
Doit absoudre du mal qu’on est contraint à faire.
Le seul choix qu’un monarque ait dans tout son pouvoir.
Est de porter les coups ou de les recevoir :