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ALY, appuyant.

Séide, nouveau chef des fils d’Abencerrage.

BOABDIL, méditant.

Leur nouveau chef !…

ALY.

                                        Eh bien ! t’en faut-il davantage !
Et traitant mes soupçons de doutes superflus,
Sûr de leur innocence…

BOABDIL, avec une rage concentrée.

                                            Oh ! non ! je n’y crois plus !

ALY.

Hélas ! je ne t’ai vu que trop long-temps y croire.
Quand je les accusais, tu m’opposais leur gloire.
Qu’ont-ils donc fait pour toi ? Jamais, jusqu’à ce jour.
Fiers citoyens, ont-ils par un seul cri d’amour
En public accueilli ton auguste présence ?
Non ! je l’interrogeais, cet orgueilleux silence ;
Il m’a depuis long-temps révélé leurs secrets.
D’un masque de vertu couvrant leurs noirs projets,
Leur générosité, faussement populaire,
À su gagner ton peuple, auquel il fallait plaire,
Ce peuple qui toujours muet à ton aspect,
Laisse éclater pour eux un insolent respect ;
Qui pour toi par degrés venu jusqu’à la haine,
Croit encor la cacher et la déguise à peine.
Ramène son esprit un moment égaré…

BOABDIL.

Si je ne suis pour lui qu’un objet exécré,
Dois-je par un forfait recouvrer son estime ?